La Transhumance

Chaque année aux beaux jours, hommes et bêtes prennent la direction des pâturages de haute montagne où ils passeront l’été : c’est ce qu’on appelle la transhumance. Là haut, le troupeau jouit d’une alimentation riche et naturelle dont la qualité rejaillira sur les fromages, viandes et autres produits du territoire.

 

Bien qu’ancestrale, cette tradition est encore très vivante : chaque année, 800 exploitations transhument en Haut-Béarn, soit les trois quarts des troupeaux béarnais. A l’échelle du Massif des Pyrénées, notre département représente à lui seul la moitié du cheptel qui transhume.

Qu’est-ce que la transhumance, ou montée en estive ?

Quelques définitions

La transhumance, du latin « trans » (au-delà) et « humus » (la terre), c’est le déplacement saisonnier du bétail (ovins, bovins, équins…) vers une zone où la nourriture est abondante. Dans nos vallées, les troupeaux montent vers les pâturages d’altitude sous la conduite d’un berger, d’un vacher ou d’un pâtre. Si la transhumance hivernale a quasiment disparu, elle continue d’être pratiquée en été, de la plaine vers la montagne. Le mot désigne la migration en elle-même, mais aussi la période durant laquelle le troupeau est en déplacement.

 

En Béarn, on appelle estives les pâturages de haute montagne exploités en été. Ailleurs, ce sont les alpages. L’estive désigne le lieu ainsi que la période durant laquelle les bêtes sont en montagne.

 

Enfin, le pastoralisme est un mode d’élevage extensif, pratiqué sur de vastes espaces naturels appelés pâturages. Il est donc étroitement lié à la transhumance. Toutefois, certains éleveurs ne vont pas jusqu’aux estives et utilisent les prairies de basse montagne (appelées zones intermédiaires) tout au long de l’année.

 

Pourquoi transhumer ?

Dans nos vallées, les fermes occupent généralement de petites surfaces : pour pouvoir nourrir leur troupeau tout au long de l’année, nos éleveurs se tournent donc vers les pâturages de montagne.

 

Transhumer permet de libérer les prairies pour y laisser pousser l’herbe : au cours de l’été, le paysan pourra ainsi récolter le foin et le regain et constituer des réserves de fourrage pour l’hiver. Ainsi, la transhumance permet d’accroître l’autonomie alimentaire des exploitations. Dès le printemps, les animaux se rendent dans les « zones intermédiaires » de basse ou moyenne montagne, avant de rejoindre la haute montagne en juin ou juillet.

 

Si la transhumance est une chance pour les éleveurs, le pacage des troupeaux en altitude est aussi bénéfique au territoire : en se nourrissant, les « trois dents » (brebis, vaches, chevaux) participent à l’entretien de la montagne, au maintien des milieux ouverts et de la biodiversité. La beauté, la diversité et même l’accessibilité des paysages pyrénéens résultent d’un pastoralisme vivant, qui contribue au dynamisme du tourisme dans notre région.

La transhumance en Béarn

Une tradition millénaire… et festive !

Chaque année, la transhumance est célébrée lors de fêtes pastorales :

 

Début juin, la vallée d’Aspe honore le départ des troupeaux lors de la Fête de la transhumance, où l’on peut assister aux rituels immuables que sont le marquage des brebis, la pose des sonnailles, l’hommage aux bergers et la bénédiction des troupeaux.

 

Début juillet, la transhumance en Ossau est également fêtée lors de la « devète d’Ossau » : les rituels ont lieu au plateau du Bénou, puis les troupeaux traversent les villages avant de rejoindre les estives de Bious.

 

Début septembre, la vallée de Barétous célèbre le retour des troupeaux lors de la fête des bergers d’Aramits : on peut y accompagner la redescente, assister au concours de chien de berger…

 

Pour ceux qui souhaiteraient découvrir ces traditions ancestrales, ces temps festifs sont des rendez-vous incontournables.

Le système laitier transhumant, une spécificité locale

Environ 76 000 ovins, 16 000 bovins, 3 500 équins et 3 500 caprins transhument chaque année en Haut-Béarn (source : IPHB, 2015).

 

Si tout types d’animaux se rendent donc en montagne, l’élevage ovin, et notamment de brebis laitières transhumantes est vraiment une spécificité des Pyrénées-Atlantiques. La tradition pastorale permet la production dans une centaine de cabanes du fromage d’estive que l’on retrouvera quelques mois plus tard sur les fermes et marchés du territoire.

La vie et le travail en estive

A quoi ressemble le quotidien des animaux et de leurs gardiens en altitude ? Pour les races laitières, la traite a lieu matin et soir dans des parcs de contention en plein air. La fabrication du fromage se fait chaque matin dans les cabanes. Une fois la traite et les soins réalisés, le troupeau est lâché sur le « parcours » et passera la journée à pacager en pleine nature, sous le regard attentif du berger/pâtre et/ou du chien de protection (le fameux « patou »). Le soir, les animaux rejoignent le parc pour la nuit.

 

Pour les éleveurs, la transhumance est un moment un peu hors du temps qu’ils attendent avec impatience. Mais ce quotidien qu’on qualifierait un peu trop vite d’idyllique n’est pas de tout repos : les journées démarrent tôt, finissent tard, et de mauvaises conditions météo ou des attaques sur le troupeau peuvent faire des journées de vraies galères… Heureusement, le soleil finit toujours par revenir et balayer les mauvais souvenirs !

 

A l’automne, les bêtes redescendent pour ne pas se faire surprendre par la neige. En bas, elles donneront naissance à leur petit de l’année dans la tranquillité de leur ferme.

Pourquoi maintenir la transhumance ?

Une pratique menacée

Vous l’aurez compris : transhumer est important pour les éleveurs, mais aussi pour la vie sociale et économique des vallées, l’ouverture des paysages, l’entretien des sentiers de randonnée, la prévention des avalanches et méga-feux, la qualité des produits locaux…

 

Aujourd’hui, cette pratique se poursuit grâce au soutien des collectivités, qui ont massivement investi dans l’amélioration des conditions de vie et de travail en estive. Les cabanes ou cujalas ont été réaménagées pour répondre aux normes sanitaires imposées par l’Europe et proposer des conditions de vie décentes à leurs occupants. Ces efforts de modernisation de l’activité pastorale ont contribué à l’arrivée de familles sur les estives, une féminisation importante du métier et un recours accru au salariat.

 

Toutefois, la transhumance est menacée par l’accroissement de la prédation (ours, loup…), les risques de sécheresse accrus en lien avec le changement climatique, et fait face aux enjeux de transmission des fermes et de maintien de l’élevage.

Le classement à l’UNESCO : une reconnaissance des savoir-faire ancestraux

Depuis décembre 2023, la pratique de la transhumance en France est inscrite Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) de l’Humanité. Ainsi, l’UNESCO reconnaît son impact bénéfique sur les écosystèmes (préservation des races locales, amélioration de la biodiversité…) Cette inscription au PCI de l’Humanité valorise des savoirs et savoir-faire ancestraux liés au métier de berger (traite manuelle, conduite du bétail, fabrication du fromage…), et encourage la transmission de ceux-ci.

 

Un bel hommage au pastoralisme, et un signe encourageant pour l’avenir !

Pratique perpétuées depuis des générations, elle est mise en valeur par l’Association des Eleveurs Transhumants des 3 Vallées Béarnaises qui présente le fromage d’estive, produit en pleine montagne.

Les bergers  font pacager les bêtes en pleine nature en journée et les traient deux fois par jour dans des parcs de contention en plein air. La fabrication du fromage se fera ensuite à l’abri dans la cabane du berger.

La transhumance plus qu’une tradition est indispensable à l’entretien de nos montagnes.

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